S'identifier - S'inscrire - Contact

Sécurité à la grande braderie de Lille



  • Currently 5/5

Note : 5/5 (1 note)

Groupe de Secours Catastrophe Français

Espace Sapeurs-pompiers : Lien


Lille: Une nuit avec les pompiers dans cette Braderie où l’alcool complique tout

Publié le 03/09/2013 à 15h00


Lille: Une nuit avec les pompiers dans cette Braderie où l’alcool complique tout
De l’avis des secours, pendant la Braderie, la nuit de samedi à dimanche est la plus critique en termes de sécurité. Nous avons passé quatre heures avec les pompiers de Lille-Malus, chargés de secourir, notamment, les victimes d’une vaste beuverie.

Minuit trente, hier matin, rue de Paris à Lille, à deux pas de l’église Saint-Maurice. Précédée par des motards de police, l’une des trois ambulances de la caserne Lille-Malus se fraye un chemin au milieu de fêtards hilares. Les gamins rigolent, les trois pompiers eux, cherchent le blessé pour lequel ils ont été appelés. Ils le découvrent affalé contre un mur, caché derrière un capot de voiture. Sourire béat, yeux qui roulent de gauche à droite, et le menton en sang.

Le constat est vite fait : le jeune homme est sévèrement bourré, ce que confirme un exposant juste à côté : « Il ne tenait plus debout ! Il est tombé une première fois sur le trottoir, là où vous voyez les taches de sang. Et puis il est allé pisser contre le mur, et là il s’est évanoui et s’est éclaté contre la vitrine. L’alcool, c’est vraiment pas possible ! »

Les secours le ramènent titubant jusqu’à l’ambulance, suivi par un de ses amis, qui tente de grimper dans le véhicule de secours… avec sa bière. L’un des pompiers doit le raisonner, tandis qu’autour, les fêtards chantent joyeusement.

La victime sera transportée à l’hôpital Saint-Vincent pour des points de suture. Mais plus que les blessures – légères – c’est l’ambiance d’alcoolisation générale qui inquiète. Depuis le milieu de soirée, les flâneurs et acheteurs ont abandonné les rues lilloises au profit d’un autre public qui se masse autour des bars et bistrots. La Braderie change de visage. Une situation que les pompiers de Malus connaissent bien. Comme leurs collègues des deux autres casernes lilloises, ils sont renforcés (38 hommes au lieu de 15 habituellement, trois ambulances et trois fourgons au lieu de deux). Ce n’est pas du luxe. « Généralement, on a un pic d’activité le dimanche entre 1 h et 3 h du matin, » explique le chef de centre, Thierry Dermineur. Depuis 7 h du matin , samedi, Malus compte vingt-cinq interventions pour des malaises et blessés légers, conséquences de chutes, rixes ou agressions. Des cas sans gravité mais typiques pour cette caserne qui couvre les secteurs festifs de Masséna-Solférino et d’une partie du Vieux-Lille. « Dans ces quartiers, les problèmes sont toujours liés à l’alcool avec une forte concentration de bistrots, observe un pompier. À la Braderie, ça ne change pas. Simplement il y a beaucoup plus de monde, et donc d’interventions ».

Et justement, un nouveau départ sonne à 1 h 30, pour la rue de Pas, à côté de la Grand-Place. Encore un blessé. Celui-là est plus sobre que le précédent, mais présente une belle entaille au front, qui nécessite un bandage. Sa copine explique : « On vient de Paris, un groupe de jeunes nous a fait ch… Au bout d’un moment, on ne s’est pas laissés faire. Un gars a pris un gros truc en bois et a frappé mon copain. Les CRS sont arrivés en deux minutes, ils ont arrêté un des agresseurs. » Et d’observer : « Dans cette Braderie, la sécurité est là, mais il y a toujours quelqu’un qui veut jouer les caïds. »

Et d’autres qui peuvent devenir des proies. Il est 3 h, le VSAB de Malus s’arrête rue du Faisan, dans le secteur Masséna-Solférino envahi par une marée de fêtards ivres. Ils sont plusieurs milliers à discuter sur les chaussées et parfois tituber. Dans ce grand chahut, les pompiers peinent à trouver leur victime, jusqu’à ce qu’une passante qui les a appelés les mène vers une jeune femme en détresse. Hébétée et un filet de sang sortant de la bouche, elle était couchée sur un pas-de-porte entre des sacs-poubelles. Les pompiers la portent jusqu’à l’ambulance, où elle se débat une fois à l’intérieur. Que lui est-il arrivé ? Sans doute un coup de poing au visage. Mais au moins, maintenant, elle est en sécurité.